Assia a créé la marque Ossoul en référence à sa nationalité marocaine. En arabe, ce terme signifie « origine ».
C’est un projet d’artisanat décoratif : « Je travaille avec des femmes marocaines et berbères, qui se situent dans les montagnes de l’Atlas » explique-t-elle.
Son précédent travail consistait à être travailleuse sociale dans les centres d’hébergement d’urgence. Les bénéficiaires de son service étaient surtout des femmes sans papiers, sans situation concrète en France.
« Je voyais toute la peine qu’elles ont à réussir en France. Elles sont assez abusées par rapport à leur statut. L’administration pour laquelle je travaillais ne me donnait pas beaucoup de moyens pour les aider, c’était frustrant » décrit la marocaine, consciente de la situation migratoire en France.
Lors d’un voyage en Égypte en 2019, Assia a observé la beauté des conceptions égyptiennes.
C’est alors qu’elle s’est imaginée la chose : « J’ai eu l’idée de créer mon activité liée à l’artisanat autour des femmes. Car celles qui créent des pièces au Maroc sont dans les montagnes, et on ne les voit pas » décrit la passionnée.
Et c’est une manière de se rattraper « par rapport à toutes les femmes que je n’ai pas pu aider au travers de mon ancienne activité. Je veux créer de l’emploi, le pérenniser et surtout donner à la gente féminine la place qu’elle doit avoir » affirme-t-elle.
Après la crise sanitaire, elle a lancé son activité avec ses économies tout en travaillant avec des coopératives.
« Je me suis sentie démunie ne sachant pas gérer grand-chose en entreprise » reconnaît la trentenaire.
La moitié de l’année 2024, Assia a donc fait ses recherches afin d’obtenir de l’aide pour être opérationnelle.
Et c’est grâce à une association qu’elle a connue l’Adie en mars 2024 : « j’ai pu obtenir de l’aide grâce à un conseiller. Rencontrer des personnes avec des parcours complétement fous m’a fait sortir de ma solitude d’entrepreneure. On a à dispositions des professionnels vraiment compétents » observe-t-elle.
Tout en précisant que « c’est un accompagnement vraiment complet, je n’ai vu ça nulle part ailleurs ».
En saisissant chaque opportunité de mettre sa marque en avant : « Tout le mois de novembre, j’ai pu profiter d’une expérience très immersive car j’étais dans la boutique éphémère de l’Adie. On vit vraiment l’expérience de l’entrepreneure dans tous ses aspects » permettant un avant-goût de son activité.
« Personnellement, j’ai compris l’importance d’être au contact des clients. J’ai besoin de cela, et puis les gens ont aussi besoin de comprendre et de toucher les produits pour pouvoir se projeter » note Assia.
Ses produits sont issus d’un savoir-faire ancestral : « C’est transmis de génération en génération et de femme en femme surtout. Je parle souvent du matrimoine marocain car il n’y a pas d’école d’apprentissage ou de formation. C’est un savoir-faire qui n’a plus une place centrale car même les marocains s’intéressent à d’autres choses ».
D’où son idée de commercialiser ce savoir-faire.
« C’est lié à mon histoire personnelle : je suis née au Maroc, j’y ai vécu jusqu’à mes huit ans avec une mamie qui tissait, accompagnée de ses copines du quartier. Ce projet est tellement évident pour moi, mes racines, mon histoire. C’est ma mission ».
Et cette situation la révolte du plus profond de sa personne.
« Là -bas, les tisseuses sont hyper mal payées alors qu’elles créent de l’or, elles laissent une partie de l’histoire et de leur ethnie à travers leurs conceptions ».
« Mon projet représente l’espoir, l’espoir d’un monde meilleur, l’espoir d’une manière de travailler qui est différente, l’espoir de voir les choses changer au sein même des familles marocaines » soutient la mère de famille, dont le but est aussi de léguer cette richesse à ses deux enfants.