Nicolas travaille dans l'industrie du sport, chez Décathlon, pendant 13 ans. Au départ ingénieur essais, il met en place les méthodes et les machines de test pour valider la conception des produits en interne. Devenu ensuite ingénieur produit pour son sport préféré : le kayak, il conçoit la dernière génération de kayaks gonflables innovants pour les magasins et son équipe remporte l'Innovation Award en 2019. Il joue également le rôle de relais environnemental et met en place une filière de sur-cyclage de leurs kayaks gonflables usagés, permettant de fabriquer 3 sacs à dos à partir d'un kayak usagé.
Le confinement bien installé, c’est en jardinant avec sa fille de 3 ans que Nicolas eut une révélation.
« J’ai pris conscience du désordre planétaire qu’implique notre mode de vie. J’ai eu envie d’agir quotidiennement et localement pour participer à l’amélioration de notre cadre de vie. Composter, c’est le recyclage accessible à tous avec pour finalité le retour au sol de la matière organique. Nourrir le sol qui nous nourrit, c’est revenir à la base. »
Son poste n’est plus jugé essentiel et Nicolas se retrouve donc au chômage partiel. Il décide de participer à un concours de création d'entreprise. Il ne le remporte pas mais gagne un nouveau projet de vie, stimulant et constructif.
« La plupart ont eu peur pour moi et ma famille. J’ai rêvé d’être concepteur de matériel de sport depuis mon lycée. J’avais atteint ce rêve avec succès, et la situation était stable. J’aurais pu en rester là. Pourtant, il était temps pour moi de passer à autre chose de plus essentiel, concret, local. Avec ces mots simples, ils ont compris que le projet était le fruit d’une réflexion profonde, viscérale, et m’ont soutenu malgré la peur de l’inconnu. »
Nicolas formalise son projet sous forme de dossier, vidéo et diaporama et le confronte à différentes personnes pour l'enrichir. Aidé par l'association Humans by Nature pour organiser le projet brique par brique, il crée sa propre société en mars 2021 et rejoint la pépinière d'entreprise Lanazia à Ascain, où le bureau mis à disposition lui permet d'accueillir son premier alternant en marketing et de lancer son financement participatif sur Ulule. Il finalise, ensuite, son dossier financier avec l'aide de France Active et obtient un prêt avec le Crédit Coopératif pour investir dans les machines à bois nécessaires au fonctionnement de sa petite menuiserie. En juillet 2021, les 108 contributeurs sont livrés et son entreprise BioclimaKIT est lancée pour de vrai !
L’Adie intervient à un moment clé : l’embauche de deux alternants. Axel pour la partie fabrication de bois et Ilana pour la partie gestion de projet, marketing et communication.
« Après le sprint de la création, c’est important de pouvoir sortir la tête du guidon et déléguer une partie des tâches pour gagner en efficacité, rentrer dans le détail et construire le savoir-faire BioclimaKIT. Le microcrédit me permet de payer leurs salaires le temps de générer plus de chiffre d'affaires. »
En 2023, BioclimaKIT est sur le point de vivre sa troisième année, ce qui représente une étape charnière pour l'entreprise. Nicolas se concentre sur les opportunités plutôt que sur les difficultés liées au contexte inflationniste. À l'heure actuelle, la transition écologique est devenue un sujet de plus en plus important dans les discussions, et de nombreuses personnes se demandent comment agir.
« J’explique souvent qu’on peut tous faire un geste simple, quotidien, en recyclant nos déchets nous-mêmes, sans machine, sans énergie, en compostant et en faisant pousser des légumes et des plantes. J’imagine un avenir où de plus en plus de personnes prennent conscience que ce geste simple en amène d’autres. »
Se questionner sur ses déchets et leur recyclage est une première étape vers la remise en question de ses habitudes de consommation. Cela peut conduire à une alimentation en circuit court, à des courses dans des épiceries en vrac, à remplacer sa seconde voiture par un vélo et à adopter un mode de vie plus sobre mais surtout plus connecté avec son environnement. À présent, la société est prête à entendre ce message, et BioclimaKIT est prête à jouer son rôle en tant que société à impact.
Nicolas voit de belles perspectives pour l'entreprise.
« Nous sommes en train de construire une gamme qui balaye l'éventail des solutions possibles autour du compostage. Nous fabriquons les produits et les services pour le faire. »
L'innovation de l'entreprise est le bac composteur potager : un bac de culture auto-fertile qui rassemble le compost et sa finalité, le retour au sol de la matière organique. Tout se passe en circuit ultra-court, sur son balcon. Il n'est plus nécessaire de faire appel à un camion poubelle pour venir chercher les matières organiques telles que les restes d'assiettes. Cette gamme voit le jour dans un contexte légal favorable. La loi AGEC (Anti Gaspillage et Économie Circulaire) impose le tri à la source des biodéchets dès janvier 2024, pour tous (particuliers, cantines, professionnels, etc.).
« Je me forme au métier de maître composteur pour monter en compétence et accompagner mes clients sur la mise en place de cette nouvelle filière : la prévention et gestion de proximité des biodéchets. On apprend à composter sur place. C’est un procédé bas carbone qui crée du lien social puisqu’on apprend aux gens à le faire eux-même et à s’organiser pour que cela se passe bien. BioclimaKIT participe à un projet de société et ça, c’est enthousiasmant ! »
Avec 5 autres entités, ils ont créé le Collectif Biodéchets Pays Basque, une manière de s’entraider et d’apporter des solutions locales à chacun.
« C’est une entreprise au sens littéral du terme, c’est avant tout la mise en exécution d'un projet utile à la société, en cohérence avec les enjeux sociaux et climatiques. C’est le prolongement de mes idées éco-responsables et un moyen d’emporter du monde avec moi dans la construction d’un monde plus durable. Je le fais pour moi, pour me sentir utile et pour les autres, pour construire un mode de fonctionnement qui donne envie. »