Chaque jour, Michèle sillonne l’agglomération d’Orléans pour aider des personnes âgées ou en situation de handicap à sortir de l’isolement. Cette mission qu’elle mène aujourd’hui avec engagement est le résultat d’années d’efforts pour son intégration socio-professionnelle en France.

Quand elle arrive en France en 2007, Michèle est la dernière de sa fratrie de cinq sœurs à rejoindre l’Hexagone. Titulaire d’un diplôme en économie sociale et familiale, elle découvre rapidement que ses qualifications ne sont pas pleinement reconnues en France.

Malgré un sens du contact humain hors du commun, sans titre de séjour, elle doit d’abord travailler dans l’ombre, sans statut légal. C’est une période difficile mais un mal nécessaire pour constituer les pièces indispensables à l’obtention de son titre de séjour.

Une fois sa situation administrative régularisée, Michèle est déterminée à saisir toutes les opportunités de s’insérer professionnellement dans le domaine qui l’anime.

Dès que j’ai obtenu mes papiers, j’ai pu me former comme auxiliaire de vie.

Dès 2010, elle décroche un titre d’assistante de vie dépendance puis d’employée familiale qui lui permettent d’ enchaîner les contrats salariés dans le secteur de l’aide à domicile. Au bout de 15 ans d’expérience, l’envie de voler de ses propres ailes la titille. À cette époque, elle tente une première création d’entreprise dans le secteur du ménage, sans succès, faute de moyens.

En 2017, une rencontre vient tout changer. Michèle accompagne un jeune homme de 35 ans en situation de handicap à une manifestation nocturne. Faute de solution adaptée, ce dernier ne s’était jamais permis de participer à un événement social aussi tardif.

Ce soir-là, j’ai compris que ma présence lui avait ouvert une porte. Je me suis dit : il n’est sûrement pas le seul.

Les personnes handicapées, comme les autres, aiment sortir, passer du temps avec leurs amis, mais la plupart des services d’aide à domicile finissent leur prise en charge à 20h30. Impossible alors de s’autoriser à aller au théâtre, au restaurant, ou à passer une soirée entre amis et encore moins de trouver une aide au coucher au petit matin.

C’est là que germe l’idée de créer son entreprise de transports pour les personnes à mobilité réduite, M&D Services, qu’elle lance en décembre 2023.

Son objectif est d’aller au-delà de l’offre de services classiques d’aide à domicile, en assurant, grâce à son véhicule adapté aux personnes à mobilité réduite, un transport personnalisé et chaleureux dans tous les moments de la vie sociale, en journée comme de nuit.

Ce que je propose, c’est un accompagnement global, y compris en dehors des horaires habituels. Parce que la vie sociale ne s’arrête pas à 18h.

Elle découvre l’Adie par hasard, en passant devant un bus d’information. Elle sollicite l’association qui lui accorde un microcrédit qui lui permet de financer une première campagne de communication pour faire connaître son offre.

L’Adie m’a tout de suite soutenue, ma conseillère a été très présente.

Aujourd’hui, la demande pour ses services ne cesse de croître, portée par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux, auprès d’une clientèle qui s’étend des particuliers aux établissements scolaires.

Le week-end, je ramène les élèves handicapés dans leur famille. C’est important pour eux.

Portée par le développement de son projet solidaire, Michèle est de plus en plus affirmée dans sa posture d’entrepreneure et fait désormais partie d’un groupe d’entraide local de femmes entrepreneures au sein duquel. Ensemble, elles partagent leurs expériences, échangent sur la communication ou la gestion, s’épaulent dans leur parcours et encouragent d’autres femmes à entreprendre.