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On peut créer son entreprise en partant de rien

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Il n’y a pas que les start-up, les PME ou les licornes qui contribuent à l’économie de notre pays. En France, les deux tiers des entreprises sont des TPE (toutes petites entreprises) et plus de la moitiédes entrepreneurs se lancent avec moins de 8 000 euros.

Ce jeudi 11 avril, Hapsatou Sy, entrepreneure et auteure de l’ouvrage inspirant. Partie de rien, a parrainé la remise les prix du concours Créadie 2019 à la Banque de France.

Avec ce concours atypique, l’Adie met un coup de projecteur, au milieu du pessimisme économique actuel, sur des entrepreneurs exemplaires par leur capacité et leur détermination à rebondir, à donner vie à leurs rêves et à démontrer que tout le monde peut entreprendre.

Un concours unique en son genre pour faire honneur aux entrepreneurs partis de rien

Qu’est-ce qui distingue un traiteur, deux restaurateurs, un menuisier, une web marketeuse et un duo de maraîchères bio du reste des entrepreneurs ?

Parce que l’Adie refuse le gâchis des talents qui ferait que la création d’entreprise en France serait réservée aux personnes qui ont de l’argent, des relations et des diplômes, Créadie n’est pas un concours d’entrepreneurs comme les autres.

Parce qu’on ne peut pas accepter qu’en 2019 les Français pensent encore que pour créer sa boîte, il vaut mieux être un homme, diplômé et âgé de 25 ans à 50 ans et avoir des relations, ce concours atypique fait sortir de l’ombre des hommes et des femmes financés et accompagnés par l’Adie, dont le parcours de vie exemplaire est un démenti à toutes ces idées reçues.

Saida Hessabi, Ivan Purri, Youcef Morabet, Zaven Tarzian, Jessy Mandilou, Chanelle Deboes et Hélène Fournier ont démontré des qualités hors du commun pour donner vie à leurs rêves.

Pour apporter son exemple et une portée nouvelle au message que l’Adie veut faire passer à travers ce concours, Hapsatou Sy, entrepreneure et auteure de Partie de rien, a parrainé la remise des prix le 11 avril à la Banque de France.

Depuis 30 ans, plus de 150 000 entreprises financées par l’Adie

Rendre l’entrepreneuriat accessible à tous, telle est la mission de l’Adie depuis que Maria Nowak, convaincue que la valeur d’un projet n’attend point le nombre d’euros sur le compte en banque, a décidé d’importer en France cette « idée folle » de financer les personnes qui n’ont pas accès au crédit bancaire.

Depuis 30 ans, l’Adie permet ainsi aux créateurs d’entreprise issus des milieux populaires de lancer et de développer des activités qui changent leur vie et leur territoire, avec un financement et un accompagnement.

Parce que l’Adie a cultivé la capacité de déceler le potentiel de chacun là où d’autres ne le voient pas, 42 % des 17 000 entrepreneurs qu’elle a financés en 2018 étaient aux minima sociaux au moment où ils ont sollicité l’association et non diplômés pour un quart d’entre eux.

Ces entrepreneurs réussissent aussi bien que les autres, avec un taux de pérennité même légèrement supérieur à la moyenne nationale, de 76 % à 2 ans.

À l’heure de dresser le bilan de sa 30e année d’activité célébrée tout au long de l’année 2018, l’Adie a permis de donner vie et de développer près de 155 000 entreprises, avec un prêt moyen de 4 000 euros.

Zoom sur Hapsatou Sy, marraine de l’édition 2019

1981 : Naissance à Sèvres. Hapsatou Sy grandit à Chaville.

2005 : Création de l’entreprise Ethnicia et ouverture de 17 espaces de beauté.

2011 : Prix Trofémina dans la catégorie « Business ».

2017 :  Sortie de son premier livre, Partie de rien, aux éditions Dunod.

Depuis mars 2017 Présentatrice du magazine « Afrique Investigation » sur Canal+ Afrique.

2018 : Lancement de sa chaîne digitale Hapsatou TV.

Zoom sur les lauréats 2019 

Saida Hessabi, prix Rebond

Si quelqu’un illustre la capacité à rebondir dans la vie, c’est bien Saida Hessabi.

Née en Afghanistan, elle quitte à 14 ans le pays en guerre après avoir perdu toute sa famille. Accueillie les premières années chez un oncle éloigné, elle trouve refuge à 18 ans dans un foyer de la DDASS. Malgré l’adversité, elle parvient à se former au métier d’aide-soignante. Pendant 16 ans, elle travaille dans le milieu très délicat de la psychiatrie adulte et y trouve un sens à sa vie, en accompagnant des personnes fragiles dans un projet de réinsertion.

Mais, voyant sa santé et le métier se dégrader, elle décide une nouvelle fois de changer de vie. Pourtant sans expérience dans ce domaine, elle choisit la cuisine, « parce que ça rassemble tout le monde ».

Elle demande une formation à son employeur et se fait la main en allant cuisiner bénévolement pour des associations. C’est ainsi que se construit son projet de traiteur et d’ateliers de cuisine. Auprès de l’Adie, elle finalise son projet d’entreprise en suivant la formation « Je deviens entrepreneur » et obtient un prêt pour financer le démarrage de « Kaboulyon ».

Mue par une joie de vivre et une envie d’avancer hors du commun, cette maman de deux enfants a également un sens de la solidarité chevillé au corps. Elle se fait rapidement un solide réseau dans le milieu associatif et culinaire de Lyon, qu’elle souhaite encore développer en finançant avec son prix la fabrication de supports de communication et les premiers frais d’acquisition d’un local da -ns lequel elle espère prochainement s’installer.

Ivan Purri, prix Vitalité des territoires

Avec de l’audace, la capacité à se prendre en main et à demander de l’aide, on peut repartir à zéro et réussir.

C’est ce que démontre le parcours d’Ivan Purri. Restaurateur à Rome, Ivan a tout quitté après que sa première affaire a périclité en raison de la mauvaise conjoncture économique. Après cet échec, il n’a pas hésité à répondre à la proposition de sa famille de venir tenter sa chance dans la petite ville de moins de 4 000 habitants de Montalieu-Vercieu en Isère.

À son arrivée, Ivan ne parle pas français. Malgré la barrière de la langue, il parvient à convaincre fournisseurs et partenaires et se met en action pour ouvrir son restaurant italien.

L’Adie l’accompagne dans le chiffrage de son projet et lui prête de quoi démarrer.

Une des clés du succès de l’« Emozioni », en plus des mets savoureux qu’il propose à une clientèle de plus en plus nombreuse, c’est l’équipe solidaire qu’Ivan a su constituer autour de lui, composée de cuisiniers et de serveurs italiens et français. C’est d’ailleurs à ses 10 salariés qu’il compte redistribuer l’intégralité du montant de son prix Créadie.

Créatif, passionné et ambitieux, Ivan envisage pour la fin de l’année l’ouverture d’un deuxième restaurant, « Emozioni II ».

Youcef Morabet, prix Ambassadeur de l'entrepreneuriat

Mécanicien, électricien, agent de médiation et de prévention pour la ville de Besançon, régleur sur presse industrielle, intérimaire dans la fabrication de biscuits… Youcef a exercé presque tous les métiers…

Mais à 45 ans, il en a « marre des petits boulots » et l’envie de se stabiliser le convainc de se lancer dans la création de sa propre entreprise. Après deux essais concluants de vente de gâteaux lors du mois de ramadan, il décide de proposer tout au long de l’année des spécialités marocaines sucrées et salées.

Côté cuisine, sa maman et sa sœur, déjà traiteurs, lui donnent des conseils d’expertes.

Côté création d’entreprise, il prend un an pour construire son projet et se faire accompagner.

Lorsqu’il décide de se lancer, « avec à peine 1000 euros en poche », l’Adie lui fait confiance en lui prêtant de quoi ouvrir son établissement, place Cassin, en plein cœur du quartier de La Planoise.

Dans son salon de thé, nommé Brunch Paloma en hommage à la ville de Tétouan où sont nés ses parents, comme lorsqu’il était agent de médiation, Youcef a à cœur de cultiver et de montrer que « dans ces quartiers, on n’est pas tous des clichés ». Dans son établissement, des jeunes de tous les quartiers, de Planoise aux Clairs soleils en passant par Montrapon et les Orchamps, se retrouvent en paix autour des plats savoureux cuisinés par son épouse et leur salariée.

S’il a gagné ce prix Créadie Ambassadeur, c’est parce que Youssef transmet comme personne l’envie de se lancer, d’oser croire en soi, en ses talents et de se donner les moyens de les exprimer.

Jessie Mandilou, prix Jeunes

« Choisissez un travail que vous aimez, et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie », disait Confucius. C’est pour être fidèle à cette sagesse qui l’inspire que Jessy Mandilou a créé, à tout juste 25 ans, Purpose Communication Web, son agence de community management et web marketing.

Jessy ne s’est jamais sentie attirée par le salariat. Par indépendance et pour exprimer toutes ses compétences, elle se lance dès l’obtention de son diplôme, avec un financement de l’Adie qui lui permet d’avoir une trésorerie de démarrage et d’investir dans sa communication.

Dans sa famille, où elle est la première entrepreneure, son choix atypique suscite d’abord l’inquiétude et Jessy fait face à beaucoup d’idées reçues qui freinent les jeunes entrepreneurs.

Comment se positionner quand on n’a pas d’expérience ? Comment développer ses compétences sans passer par la case du salariat ? Jessy répond qu’elle n’a jamais autant appris que depuis qu’elle est entrepreneure.

Sa confiance en son projet, Jessy la tire aussi de sa conviction de répondre à un besoin croissant dans la société, aussi bien chez les jeunes que chez les seniors, de se positionner sur le web. Et ça fonctionne. Depuis janvier, elle accompagne de plus en plus de TPE et de blogueuses.

Soucieuse de transmettre son expérience et l’audace à d’autres jeunes de donner le meilleur d’eux-mêmes, Jessy prend régulièrement la parole lors de conférences. « Lancez-vous ! Au pire, vous aurez appris », clame-t-elle avec conviction.

Chanelle Deboes, prix Économie sociale et solidaire

Non. L’ESS n’est pas réservée aux start-up et aux grandes entreprises.

Il y a aussi des « folles » (sic), comme Chanelle Deboes, 29 ans, et son associée, Hélène Fournier, 37 ans, qui après des études de géologie et climatologie pour l’une, et des années d’expérience comme technicienne chimiste en laboratoire pour l’autre, ont osé donner vie à leur passion et à leur vision de l’agriculture alors qu’elles n’avaient ni terrain, ni outils, ni moyens.

Mais il en faut plus pour effrayer Chanelle qui, ayant grandi dans une famille d’entrepreneurs, a toujours rêvé de se lancer, et Hélène, portée par la joie d’avoir trouvé sa voie.

Depuis décembre 2017, elles développent leur activité de maraîchage bio sur une exploitation mise à disposition par la couveuse de Saint-Affrique dans l’Aveyron. Sans apport personnel, c’est auprès de l’Adie qu’elles ont trouvé un financement pour leur activité hors normes.

Portées par la conviction que « l’alimentation biologique est un levier majeur pour la santé, l’écologie et l’économie », les deux jeunes femmes se forment et travaillent d’arrache-pied pour transformer l’essai.

Depuis deux ans, elles fournissent les magasins bio de l’Aveyron et vendent leur production sur plusieurs marchés.

Avec leur prix, elles comptent faire l’acquisition d’un semoir pour alléger la charge de ce travail qu’elles exécutent pour le moment à la main. Dans l’avenir, elles rêvent de s’installer dans leur propre exploitation, et d’y mettre en place un projet innovant d’aquaponie, 100 % bio, autonome et écologiquement vertueux.

Zaven Tarzyan, prix du Public

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Zaven a toujours aimé travailler le bois et, en dépit de ses multiples problèmes de santé, n’a jamais abandonné cette passion. C’est que Zaven est une véritable force de la nature. Né en Arménie, il y avait déjà créé à l’âge de 16 ans sa petite entreprise de menuiserie. Arrivé seul en France en 2007 à 21 ans à peine pour soigner de gros problèmes de santé, il apprend à parler le français en trois mois avec des dictionnaires et crée son entreprise à peine six mois après une lourde intervention.

En 2017, un financement de l’Adie lui permet de renflouer sa trésorerie et d’acheter le stock pour relancer sa production. Tables, chaises, lits, meubles, dressings, escaliers, parquets et même impression 3D sur les coques de téléphones portables… Zaven peut et veut tout faire avec le bois. C’est d’ailleurs pour cela qu’il compte acheter avec son prix une nouvelle machine sophistiquée qui complétera la panoplie de son atelier dont il est si fier. Sa publicité se fait toute seule, tant la qualité de son travail et sa bonne humeur sont appréciées et c’est sans doute cette aura qui lui a valu le soutien et l’engouement du public.


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