Portrait

Bashir, styliste à La Rochelle, retisse sa vie sur mesure

« L’Adie m’a beaucoup aidé et continue à m’accompagner en cas de questions, notamment pour tous les papiers. »

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C’est bien loin de la Rochelle que commence le parcours de Bashir dans l’univers du stylisme et de la couture. 

En Afghanistan, dès 2008, il dirige un atelier côté dans lequel il confectionne, avec ses 11 salariés — 9 hommes et 2 femmes — des robes de haute couture, des robes de soirée, et des robes de mariage. Mais en raison de son succès, ou peut-être de la mixité de son atelier, Bashir sent qu’il suscite la jalousie et retrouve un jour sa vitrine fracassée. 

Ne se sentant plus en sécurité dans son pays, il décide en 2017 de se réfugier en France, le pays de la mode et de la liberté. L’OFPRA l’envoie à la Rochelle en 2018. Désormais seul dans un pays et une ville qu’il ne connaît pas, c’est grâce à son métier que Bashir se fait une place. 

Pendant un an, il travaille comme salarié dans une entreprise de fabrication de sacs puis dans un atelier de retouches. Parallèlement, il prend des cours des Français deux fois par semaine avec une bénévole et économise dans le projet d’ouvrir son propre atelier. « Ici à la Rochelle, il n’y pas d’atelier proposant des robes de mariées ou des robes de soirée sur mesure. C’est une opportunité pour moi. » 

Quand son CDD prend fin en juillet 2020, il décide de se lancer. Il s’inscrit à toutes les formations qu’offrent la mission locale et la chambre des métiers. Déterminé, il trouve un local en novembre 2020 et ouvre son atelier le 1er janvier 2021. Il sollicite l’Adie pour financer un défilé de mode à la Rochelle afin de lancer son activité, ainsi que l’achat de machines à coudre de plus grande qualité.

« L’Adie m’a beaucoup aidé et continue à m’accompagner en cas de questions, notamment pour tous les papiers. »

Dans son atelier situé entre Mireuil et la Rossignolette, Bashir propose des robes de mariées uniques qu’il réalise de A à Z sur photo ou sur simple brief. Il fabrique aussi des jupes ou des robes de tous les jours avec des tissus originaux. 

À cause de la crise sanitaire, Bashir est conscient de commencer son activité dans un contexte où il n’y a pas beaucoup de mariages, mais ces contingences ne sont pas de nature à altérer sa motivation. 

« Créer son entreprise, c’est toujours prendre un risque. Il faut retrouver des clients. Mais moi, je ne peux pas rester chez moi. Je veux continuer mon métier. »

Le temps de se faire connaître pour ses talents de styliste, il se constitue une base de clientèle en réalisant des retouches, mais il est confiant. 

« La culture est différente. En Afghanistan, je faisais des robes avec beaucoup de perles. Ici les gens portent des vêtements plus simples. Il faut s’adapter. Mais c’est bon, j’ai compris les tendances en France. »


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