Portrait

Martin, un producteur au service de sa communauté en Nouvelle-Calédonie

« Il faut que je construise ma propre activité et le travail de la terre est le meilleur moyen pour moi d’être indépendant. »

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À 25 ans, Martin est un jeune homme au rôle important dans la tribu de Hunëtë sur l’île de Lifou, en Nouvelle Calédonie.

Sourd et muet, il n’a pas l’intention de laisser son handicap le définir ou le limiter dans son envie de vivre intensément. Passionné par la chasse, la pêche et l’agriculture, il pratique aussi le javelot et travaille ardemment pour être sélectionné aux jeux du Pacifique.

La crise du Covid fait grandir en lui l’envie pour contribuer au développement de son île grâce au travail de la terre.

« Mes parents m’ont toujours accompagné et soutenu, mais je sais qu’ils ne seront pas toujours là. Alors, je fais tout pour être autonome. Il faut que je construise ma propre activité et le travail de la terre est le meilleur moyen pour moi d’être indépendant. »

Mais Martin a quitté l’école spécialisée à 16 ans et il n’est pas simple pour un malentendant de suivre des formations et de créer son entreprise. Alors il se forme sur internet et, avec le soutien de ses parents qui tiennent un gîte et de son frère, guide touristique, il crée son activité de production et de vente de produits de la terre et de la mer.

« J’aime beaucoup partager mon savoir-faire. J’emmène les jeunes de la tribu chasser, pêcher, construire des cases. Je veux leur montrer que l’on peut être autonome même sans capital. »

Avec l’aide du prêt de l’Adie, Martin construit un poulailler où s'ébattent ses poules et un canard. Il lui faut maintenant acheter des poules pondeuses pour lui permettre de répondre à la demande avec plus de régularité. Le marché de Wé n’est pas tout près et ne se tient que deux jours par semaine. Alors Martin rêve d’ouvrir une coopérative pour vendre du miel, de la vanille, des œufs, des produits de la terre et de la mer, avec un bel étalage, où les habitants de l’île et aux touristes pourraient venir faire leurs courses tous les jours.

Au-delà de sa propre affaire, c’est son île que Martin veut contribuer à construire.

« Construire un pays, c’est commencer par se construire soi-même. Notre île est généreuse. On a tout pour être autosuffisants. Et même si on n’a pas d’argent pour acheter le matériel, on peut presque tout fabriquer avec nos matériaux, les arbres, les cocotiers, les os… Atteindre cette autosuffisance, c’est un art de vivre et un message fort pour ma génération et celle d'après ! »


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