Abdallah a ouvert son atelier de couture dans le 2e arrondissement de Marseille

Le centre de Marseille, c’est vivant, et le meilleur emplacement pour toucher la communauté comorienne à qui je vends mes créations.
Les Comores et Marseille, c’est une histoire d’amour à laquelle Abdallah contribue largement depuis son atelier de couture situé en plein centre-ville de Marseille. C’est suite à un violent accident de voiture aux Comores qui le laisse handicapé qu’il est contraint de quitter son archipel pour recevoir des soins en urgence.
« Je suis arrivé en France en 2005 après un sacré périple. Marseille m’a permis de sauver ma vie sur bien des aspects. »
Une fois prêt à travailler, Abdallah rejoint l’ESAT les Argonautes, la référence phocéenne des établissements adaptés aux travailleurs en situation de handicap. Il y apprend la tapisserie, la couture et la maroquinerie. Plus qu’une passion, ce métier est une vocation. Il excelle dans les exercices qui lui sont donnés et perfectionne chez lui les techniques apprises.
« J’étais comme un enfant. J’avais pris un nouveau départ sans m’en rendre compte ! »
En 2017, il prend la suite de son formateur, lorsque celui-ci part à la retraite. Pendant plusieurs années, Abdallah peaufine et transmet son savoir-faire avec passion. Mais au fil des années défilent, il se met à rêver d’indépendance. Ses collègues tentent de le retenir mais l’appel de la création d’entreprise est le plus fort.
« Ce n’était pas facile de quitter mon ancien emploi. Je devenais bon dans mon métier. Mais j’avais envie de tenter quelque chose de fou. Qu’est-ce que j’avais à perdre ? Dans la vie, il faut toujours essayer d’avancer. »
Avec le soutien de sa compagne et fort de ses compétences, Abdallah décide d’ouvrir son propre atelier de couture dans un quartier prioritaire du 2e arrondissement, non loin de Belsunce, qui bat des records de pauvreté mais présente l’avantage d’avoir une multitude de services et d’abriter la communauté comorienne qu’il souhaite cibler. Il se renseigne et note d’ailleurs que les demandes de rénovation de fauteuils y sont grandissantes.
En naviguant sur internet, Abdallah découvre des portraits d’entrepreneurs soutenus par l’Adie à Marseille, prend rendez-vous pour obtenir un financement et suit la formation gratuite « J'entreprends avec l'Adie. »
Il obtient un microcrédit quelques jours après sa demande, qui lui permet de financer son premier stock et une machine de couture professionnelle. Bahiya Couture naît en juin 2021 et se fait rapidement un nom grâce au bouche à oreille et à TikTok.
« Il ne faut pas négliger la communication digitale. C’est comme ça que j’ai connu l’Adie, et c’est comme ça que je suis devenu visible. »
Écoresponsable dans sa démarche, Abdallah travaille en grande partie avec des tissus écologiques locaux pour confectionner des sacs banane, des tenues de mariages traditionnelles comoriennes et des tissus d’ameublement pour rénover des canapés et des fauteuils.
« Créer Bahiya Couture m’a rendu autonome à nouveau. Cette seconde vie, je la partage avec les meubles que je retape. »