Ahmed, créateur d'un restaurant de spécialités ivoiriennes à Saint-Etienne

« Je me répète souvent pour m’encourager que je reviens de loin, alors je peux tout réussir. Je n’ai jamais douté de ma capacité à réussir. Quand on doute, on n’avance pas, on ne fait pas d’erreurs. Or je suis convaincu que sans erreur, on ne peut ni évoluer ni réussir. »
« Homme joyeux », c’est la signification en langue senoufo de Darsheenn, le nom du restaurant d’Ahmed, dans le quartier Saint-Jacques de Saint-Étienne. C’est aussi l’état dans lequel il promet de laisser quiconque viendra tenter l’expérience d’une immersion dans sa cuisine afro-fusion, à la croisée des saveurs européenne et ivoirienne.
Pourtant le parcours de ce jeune chef de 23 ans est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Né à Abidjan, Ahmed est contraint de quitter la Côte d’Ivoire à l’âge de 14 ans. Il traverse le désert puis la Méditerranée jusqu’à Lampedusa et, après 2 ans de périple, il est pris en charge par l’aide sociale à l’enfance de Lyon en 2016. Grâce aux travailleurs sociaux, il reprend ses études en attendant d’obtenir un titre de séjour et intègre un lycée professionnel hôtelier où il se forme à la cuisine et à la pâtisserie.
En 2019, ses diplômes et son titre de séjour en poche, Ahmed trouve son premier emploi dans un restaurant lyonnais puis parfait sa technique en multipliant les expériences à Paris, Montpellier, Marseille, Clermont-Ferrand, Copenhague et Genève, avant de revenir à Lyon où il travaille dans deux restaurants étoilés.
Fin 2019, il s’installe à Saint-Étienne tout en continuant de travailler à Lyon. En parallèle, il commence à préparer son projet de restaurant, lorsque survient la crise sanitaire. Loin de se laisser abattre, Ahmed profite du confinement pour tester depuis son domicile une activité de traiteur avec livraison. L’activité se développe si bien qu’elle lui permet, fin 2021, de quitter son emploi lyonnais pour ouvrir son restaurant.
L’Adie l’accompagne dans la recherche de son local et lui accorde un microcrédit assorti d’une prime d’État pour les jeunes entrepreneurs et d’une prime de la Région.
« Mon parcours n’a pas été sans difficultés. Trouver un local et convaincre les propriétaires n’a pas été simple car mon âge faisait peur. L’Adie m’a soutenu, accompagné et financé. Sans cela, je n’aurais pas pu ouvrir mon restaurant. »
Pour régaler ses clients, Ahmed met un point d’honneur à ne choisir que des produits locaux et des épices ivoiriennes de qualité. Et ça marche !
Il envisage déjà d’ouvrir un bar à cocktails afro avec son cousin et partage sa passion dans une émission de cuisine sur France Bleu Loire 2 à 3 fois par mois.