Ana a lancé son salon de coiffure et de manucure à Saulx-les-Chartreux, dans l’Essonne

Née à Lisbonne de parents cap-verdiens immigrés au Portugal, Ana grandit dans une fratrie de six enfants où l’entrepreneuriat est une affaire de famille. Très jeune, elle aide sa mère à vendre du poisson au marché.

Aujourd’hui, quatre de ses frères et sœurs ont fondé leur propre entreprise entre le Cap-Vert, le Portugal et l’Angola.

Le goût d’entreprendre, on le porte dans les veines.

Après des études en marketing et publicité au Portugal, Ana travaille pendant plusieurs années comme manager dans un restaurant de fast-food. Mais la crise économique de 2008 frappe fort. Les revenus de la famille baissent drastiquement.

Je travaillais beaucoup au Portugal mais la crise a affecté nos revenus, surtout ceux de mon mari. Mes enfants ne pouvaient pas faire d’activités en dehors de l’école car nous n’avions pas assez d’argent.

En 2011, elle fait un choix radical : tout quitter pour recommencer à zéro dans un autre pays avec son mari et leurs deux filles. Se fiant à ses quelques notions de français, et motivée par l’espoir d’une meilleure qualité de vie et d’un avenir plus stable, elle choisit la France.

À Massy, dans l’Essonne, Ana trouve des petits boulots dans la restauration, tout en améliorant sa maîtrise du français. Peu à peu, l’envie de créer son propre projet émerge.

Je voulais entreprendre pour moi-même. Une amie m’a ouvert les portes de son salon de beauté, où j’ai pu me former pendant un an et demi et apprendre les prestations, la gestion.

Deux ans plus tard, Ana ouvre Take Care, son propre salon de coiffure et de manucure à Saulx-les-Chartreux, une ville alors dépourvue d’offre en soins esthétiques. L’Adie lui accorde un microcrédit de 2 000 euros en 2023, un coup de pouce décisif pour démarrer. En plus de la confiance de sa conseillère Juliana, qui est aujourd’hui une de ses clientes, Ana bénéficie également de l’accompagnement d’un bénévole, Michel, qui l’aide sur les aspects juridiques.

Manucure, soin des pieds, tresses, l’offre de service d’Ana s’adresse à une clientèle de toutes origines. Portée par la joie d’améliorer le quotidien de ses clients, Ana s’épanouit pleinement dans sa nouvelle vie professionnelle.

J’ai toujours aimé aider les gens. Le domaine de la beauté me permet d’agir sur l’estime de soi, de transmettre de l’énergie positive. J’apprends aux personnes qui viennent dans mon salon à entretenir leurs cheveux et à s’apprécier.

Grâce à un bouche-à-oreille impeccable et aux nombreuses recommandations, sa clientèle ne cesse de croître.

Mon activité est nécessaire ici. Les retours sont positifs, les gens reviennent. Je vois le résultat de mon travail.

Aujourd’hui pleinement intégrée dans sa nouvelle communauté, Ana ne regrette pas d’avoir fait le pari de se réinventer loin de chez elle.

Réussir en France, c’est possible, Il y a beaucoup d’opportunités. Mais cela demande aussi un vrai travail sur soi. Il faut absorber la culture française sans renier ses racines, et ne pas avoir peur de faire des erreurs.