Annette cultive des champignons dans La Manche

J’ai été touchée par la sincérité et la transparence des intervenants de l’Adie. Chez eux, pas d’exclusion. J’ai eu le financement rapidement.
Normandie, Mexico, Lisbonne, Londres…Annette a une vie de personnage de roman d’aventures. Rien ne la prédestinait à créer à 40 ans une activité de myciculture. Après un DEUG d’histoire et une licence de lettres modernes, attirée par les terres lointaines, Annette passe un Master de Français langue étrangère afin d’enseigner la langue de Molière sous d’autres cieux. Puis elle s’envole pour Mexico.
Ayant la bougeotte, Annette migre ensuite à Londres, s’y marie avec un musicien et donne naissance à deux petites filles. Elle suit une formation de marketing digital, crée son site Web, se lance comme professeur de français indépendante, enseignant aux enfants et aux adultes en développant à distance sur le Web une clientèle notamment américaine et new zélandaise.
La situation économique devient difficile à Londres : la tendance de l’époque fait migrer une partie du milieu artistique Londonien au Portugal où tout y est plus facile. La petite famille suit le mouvement et se retrouve à Lisbonne.
Annette maĂ®trise l’informatique. Elle reprend ses cours de français Ă distance, ses filles intĂ©grant l’école portugaise. Le travail en dĂ©calage horaire avec la clientèle anglo-saxonne mĂŞlĂ© Ă un tas d’autres contraintes poussent la famille Ă migrer Ă la campagne. Ils dĂ©cident de monter un espace pour des activitĂ©s de bien-ĂŞtre. Annette se lie avec ses voisins exploitants agricoles qui l’initient Ă la permaculture et la myciculture, elle apprend Ă cultiver des champignons Shiitake sur le bois.Â
Le Covid arrive, le confinement … Le couple bat de l’aile, Annette rentre en Normandie avec ses deux filles, deux valises en main.Â
« Il fallait que je reparte de zéro, j’ai la fibre entrepreneuriale, il me fallait une idée pour repartir. Un jour, j’ai pensé aux champignons ! »
Elle s’informe alors auprès d’un de ses frères documentaliste, teste la pousse de champignons rares dans sa salle de bain, se documente, et puis…
« Et puis comme toujours, je fonce ! »
Sa condition de maman solo est un défi supplémentaire. Gérer le stress et la pression d’un divorce conflictuel, jongler entre le budget limité, l’éducation des enfants, la recherche des aides financières …
Annette parvient Ă dĂ©crocher une subvention de la rĂ©gion pour financer une annĂ©e de formation et passer le diplĂ´me agricole BPREA obligatoire pour monter une activitĂ© agricole.  Un long parcours du combattant commence alors pour la jeune femme afin de faire valider auprès des diverses instances un business plan sur 4 ans de son projet de myciculture.Â
« J’ai fait le siège des banques pour obtenir de quoi acheter les équipements dont j’avais besoin. »
Après des refus successifs, Annette reprend contact avec l’Adie avec qui elle était en lien quelques années auparavant. Sophia, la conseillère de Cherbourg analyse aussitôt sa demande. Le financement est accordé rapidement.
Mais il faut Ă©galement trouver un local, et vite. Pour des raisons administratives, le projet doit ĂŞtre bouclĂ© avant ses 40 ans, qui arrivent bientĂ´t !Â
« C’était une course contre la montre! J’avais l’impression d’être dans un sablier dont le sable s’écoulait implacablement. »
Un jour, une annonce sur le Bon Coin apporte la solution : l’entrepôt idéal, le loyer abordable !
Aujourd’hui Annette a démarré son activité et commence à vendre ses produits sur les marchés avant de tester d’autres segmentations de clients. “Je produis des pleurotes et des shiitakes. Mes matières premières sont les substrats de champignons que je fais pousser sur des ballots de mélange de bois, sciure et paille.” À terme, la jeune entrepreneure veut maîtriser le processus global et produire elle-même les substrats.
« Mon entreprise ? Mes doutes, mes angoisses, mes années éreintantes de divorce conflictuel, ma condition de maman solo entrepreneuse : pas besoin de psy, j’ai ma boite ! Je sais d’où je suis partie, je suis fière de moi. »