Portrait

Camile, 36 ans, ébéniste, puis tatoueur, aujourd’hui paysan fleuriste à Saint-Jean-L'Herne en Haute-Garonne

« On n'a plus besoin d'aller manifester le week-end. On fait notre révolution quotidienne, bien ancrés dans le réel, alignés avec nos idéaux. »

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À 36 ans, Camille n’en est pas à son premier changement de vie. Ébéniste d’art de formation, il est tour à tour employé dans l’aéronautique pour monter les meubles dans les avions, ouvrier agricole, puis tatoueur, et roule sa bosse en Australie et en Nouvelle -Zélande avant de revenir à Toulouse, avec en tête un projet de vie en phase avec ses convictions sociales et écologiques.

« En tant que tatoueur, je commençais à ressentir une perte de sens. J’avais envie de faire du beau, certes, mais aussi pour faire du bien et d’essayer de faire partie des solutions. »

En 2020, il obtient son Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole et sa femme, issue des métiers du spectacle, devient fleuriste, dans le but de lancer une exploitation biologique. Camille se rapproche du 100e Singe, un tiers lieu agricole qui se donne pour mission de restaurer une ceinture verte nourricière en périphérie toulousaine en accompagnant les communes dans la transition agro-écologique.

Auprès des entrepreneurs agricoles, l’association joue le rôle d’une couveuse en mettant à disposition pendant 3 ans une parcelle des Jardins de Cocagne à 20 minutes du centre-ville de Toulouse. Pour Camille, qui ne vient pas du milieu agricole et n’a pas hérité de terre, ce dispositif est une opportunité à saisir. Mais pour pouvoir intégrer le programme, il a besoin d’un apport. Or depuis son retour de Nouvelle-Zélande, il est au chômage et n’a plus d’économies.

Sa banque refuse de financer son projet. En cherchant un financement alternatif, il trouve l’Adie, qui lui accorde de quoi financer son entrée dans la couveuse. Depuis mars 2021, l’Odeur de la pluie cultive et commercialise des fleurs locales, de saison, non chauffées, éclairées, sur sol vivant. Camille n’est pas peu fier de faire mentir le vieux discours des chambres d’agriculture selon lequel il est impossible de vivre d’une activité de maraîchage bio sur petite surface.

« La filière fleur en France existait au siècle dernier mais elle a été sacrifiée sur l’autel de la mondialisation. Heureusement, aujourd’hui, les fleuristes et les clients recommencent à voir l’intérêt de consommer de la fleur bio locale. »

Au quotidien, Camille et Cécile sont heureux de la vie qu’ils façonnent pour leur famille. Ils envisagent l’avenir de leur exploitation avec sérénité et commencent à chercher leur futur terrain en périphérie toulousaine pour y créer une structure à échelle humaine.


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