Thierno est né en Guinée, pays où l’instabilité, la violence et la précarité se superposent.

« Je n’ai que 24 ans et j’ai déjà vécu plusieurs vies » considère-t-il.

À seulement 15 ans, il a déjà conscience que son avenir est ailleurs en prenant la décision de fuir son pays. Il part seul avec l’équivalent de quelques euros et traverse, à pied, plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest pour arriver en Algérie.

Il s’y installe provisoirement et vit de petits boulots notamment dans le bâtiment.

Il rejoint ensuite la Lybie et l’Europe via l’Italie, avant d’arriver en France.

« Mineur isolé et parlant très peu le français, j’ai été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance de Bobigny. Cet organisme a été déterminant. J’ai été placé en foyer à Tours et j’ai fait des stages dans différents secteurs (carrosserie, restauration), ce qui a facilité mon insertion » retrace le Guinéen.

« À 18 ans, j’ai obtenu un CDI dans un restaurant à Tours puis j’ai fait un apprentissage de chauffeur poids lourd. À l’issue de cette formation, j’ai intégré une société de transport où j’ai travaillé plusieurs années. Ce travail m’a permis d’économiser car j’avais la ferme intention de devenir entrepreneur » affirme-t-il.

C’est en 2023 qu’il franchit le cap et crée son entreprise individuelle intitulée RAS autodémarches 37.

« J’ai bénéficié d’une aide précieuse lorsque je suis arrivé en France, et je voulais à mon tour rendre service » reconnaît Thierno.

« J’avais remarqué que de nombreuses personnes avaient des difficultés pour effectuer leurs démarches administratives car dépourvues d’ordinateurs ou maîtrisant mal l’outil ».

L’entrepreneur a donc vu en cela un projet d’avenir : « Comme j’avais des appétences pour l’informatique, j’ai décidé de proposer mes services pour effectuer des démarches diverses et variées telles que la demande de carte grise, l’immatriculation de véhicules étrangers, l’accompagnement de permis en ligne et bien d’autres ».

Pour s’installer, « j’ai trouvé un local bien situé et j’ai aménagé mon agence avec mes économies » explique le jeune homme.

« En parallèle, je me suis installé comme chauffeur VTC en Août 2024. C’est grâce à l’Adie car l’association m’a financé un véhicule ».

Ce microcrédit a été financé à hauteur de 9000 euros suivi d’un deuxième prêt de 5000 euros.

Et ce sont ces diverses activités qui permettent à Thierno d’être « autonome sur le plan financier ».

Mais il y a quelque chose de plus personnel derrière ce parcours.

« Mon souhait est de pouvoir offrir à mon fils une jeunesse plus sereine que la mienne » espère le père de famille.