Farah, créatrice de cosmétiques naturels en Guyane

« En Haïti où j’ai grandi, on ne travaille pour personne. On est habitué à la débrouillardise, on touche à tout et on est toujours en train de faire quelque chose de nos propres mains. »
La création d’entreprise, pour Farah, est une voie professionnelle quasi naturelle.
« En Haïti où j’ai grandi, on ne travaille pour personne. On est habitué à la débrouillardise, on touche à tout et on est toujours en train de faire quelque chose de nos propres mains. »
C’est cette débrouillardise qui permet à Farah de toujours rebondir face à l’adversité.
À 19 ans, elle quitte son île natale pour partir travailler à la Dominique, en Guadeloupe puis à Saint-Martin, dans le domaine de la restauration, avant de s’établir à Toulon où elle devient employée dans une maison de retraite pendant 5 ans. En 2019, elle s’installe en Guyane avec le projet d’ouvrir son restaurant. Déterminée, elle passe son CAP cuisine, entame toutes les démarches de création de son entreprise mais des blocages administratifs l’empêchent de donner vie à son rêve : l’adresse de résidence figurant sur sa carte de séjour étant celle de Toulon, Farah ne peut pas immatriculer son entreprise en Guyane.
« J’étais déçue. J’ai mis temporairement mon rêve de côté et j’ai cherché un emploi salarié en attendant. »
Mais Farah a un autre projet en tête : celui de créer une entreprise de cosmétiques. En décembre 2020, elle lance Farah Organic Care, d’abord en informel.
Pour ce projet, pas besoin de gros investissement ni de local : c’est dans un petit atelier aménagé à son domicile que Farah fabrique ses produits cosmétiques. Travailleuse et passionnée, cette jeune mère de 2 enfants concocte du savon, des huiles pour la peau et les cheveux et des crèmes à base de produits naturels.
« Je travaille tous les jours, je ne laisse pas tomber. Quand on se donne les moyens, on peut s’en sortir. »
En 2021, Farah prend contact avec l’Adie. Sa conseillère, Tamilia, lui accorde un microcrédit qui lui permet d’acheter un blender, un four, les ustensiles et les récipients pour stocker ses produits et l’accompagne pour contourner les obstacles à l'immatriculation de son entreprise.
« J’ai été l’une des premières créatrices d’entreprise financées par Tamilia et depuis, elle m’accompagne, me conseille et m’encourage dans les moments où j’ai envie de baisser les bras. »
Farah vend ses produits localement grâce au bouche-à-oreille et aux publicités postées sur les réseaux sociaux et les remet à ses clients soit en main propre sur rendez-vous soit par livraison selon leur souhait. À l’avenir, la jeune femme espère étendre son activité en exportant ses produits à l’étranger, un développement que sa communauté et sa famille qui résident aux quatre coins du monde, attendent avec impatience.