Leila reprend une pizzeria pour en faire un restaurant oriental convivial dans le quartier des Salines à Ajaccio

Aux Salines, la mixité culturelle est une richesse. Tout le monde s’entraide. Et pour moi, c’est un endroit parfait pour démarrer.
Détermination et résilience. Voilà comment décrire le parcours de Leila, mère de trois enfants, et cheffe d’entreprise aux Salines, un quartier prioritaire d’Ajaccio.
Avant de trouver sa voie, Leila traverse de nombreuses étapes professionnelles. Arrivée d’Algérie sur l'Île de Beauté il y a 40 ans, elle est tour à tour employée polyvalente dans des secteurs aussi divers que les cantines d’école, le ménage, le secrétariat, la vente, ou encore l’accueil téléphonique, mais ne parvient pas à trouver la stabilité qu’elle recherche. Après plusieurs années dans son dernier poste à Ajaccio, elle prend conscience qu’elle n’obtiendra jamais l’emploi à temps plein dont elle rêve et décide de changer de cap pour travailler à son compte.
Coup du destin, cette décision coïncide avec le moment où son fils souhaite céder sa pizzeria. Leila ne peut se résoudre à voir ce projet disparaître. Elle investit alors toute son énergie dans la transformation de son enseigne, pour qu’elle corresponde encore mieux aux attentes des habitants des Salines. Leila imagine son restaurant comme un véritable lieu de convivialité, capable de rassembler toutes les générations autour de valeurs simples bien qu’essentielles: l’accueil, la générosité, et l’authenticité.
Pour retaper le local et acheter du matériel, Leila a besoin de financement mais essuie plusieurs refus bancaires. À l’agence Adie d’Ajaccio, sa conseillère lui accorde un microcrédit pour faire les travaux.
« À l’Adie, on a un sentiment de solidarité. Je sens que je ne suis pas seule pour faire face aux défis. »
En juillet 2024, Leila ouvre Casa Papel, une pizzeria nichée dans la galerie commerciale en plein cœur des Salines. Mais au fil du temps, elle constate que son plus grand succès est son couscous mensuel. Qu'à cela ne tienne, Leila redéfinit son concept en restaurant oriental, qu'elle renomme Les 1001 nuits.
Elle mesure tout de même qu’ouvrir son entreprise dans un quartier comme les Salines est un pari. Ce quartier populaire, où se côtoient des habitants de toutes origines, peut parfois être perçu comme difficile. Mais pour Leila, c’est une chance. Son local, situé au cœur d’une galerie commerciale, ne bénéficie peut-être pas d’une visibilité idéale depuis la rue mais jouit d’un bouche à oreille qui fait tout son succès dans le quartier. Et elle apprécie au quotidien le voisinage accueillant du boucher, de la bijoutière, de la vendeuse d’arômes et de cristaux, de l’informaticien, du vétérinaire, et de l’épicerie de produits corses.
« Je sens que je fais pleinement partie des Salines. J’ai un rôle à jouer. »
Leila espère servir de modèle pour les femmes qui rêvent de créer leur entreprise aux Salines, à qui elle espère apporter la preuve qu’il faut toujours croire en ses rêves et que tout est possible quand on sait s’ouvrir aux rencontres et bien s’entourer.