Marianne, 42 ans, du sport adapté à la réparation de machine à coudre en Chartreuse

« Ce que je préfère, c’est être ma propre patronne. C’est génial. Je suis maître de ma vie. Je fais ce que je veux quand je veux. »
Depuis avril 2020, Marianne sillonne les routes de Chartreuse, de Maurienne, et du bassin chambérien, à bord de son atelier mobile pour réparer les machines à coudre des particuliers et professionnels.
Mais avant de donner cette direction à sa vie, Marianne se cherche pendant longtemps.
Sa vie professionnelle commence par le constat que le secteur d’activité qu’elle a choisi est bouché. Sa licence d’enseignement du sport adapté pour les personnes âgées n’est pas reconnue par les hôpitaux et les postes sont rares. Faute de trouver un emploi dans son domaine, elle travaille pendant 8 ans dans l’industrie électronique, puis entame une première reconversion en comptabilité pour travailler dans la paie pendant 7 ans.
Mais à l’aube de la quarantaine, la charge de travail, cumulée à un bébé qui ne dort pas la nuit, constitue un cocktail de surmenage qui pousse Marianne au burn-out. Après 2 mois d’arrêt maladie, elle démissionne. Mais comme elle n’a pas droit au chômage, elle reprend le travail au bout de 4 mois seulement.
Pour se donner un nouvel élan, elle tente de renouer avec son premier métier, trouve des missions de remplacement auprès de mineurs isolés, de jeunes en déficience mentale, comme surveillante de cantines dans une école et décroche, enfin, un poste de professeur de sport adapté. Mais la structure qui l’emploie est en sous-effectif et Marianne reconnaît les prémisses des symptômes d’un nouveau burn-out.
Cette fois-ci, elle prend le temps de travailler sur elle et de se reconstruire pendant 6 mois. À 42 ans, elle fait le point sur ses schémas de fonctionnement et comprend qu’elle veut travailler de ses mains. En 2019, elle se lance sur les marchés pour vendre ses créations en upcycling. En voyant le réparateur de sa machine à coudre au travail, elle a une révélation : quand il arrêtera, il n’y aura plus personne pour répondre à la demande. Elle lui demande de la former, lui propose de la libérer d’une part de sa charge de travail et de prendre le relais quand il arrêtera.
L’Adie finance son fourgon qui lui permet de se déplacer en zone rurale et auprès de ses clients à mobilité réduite. Durant le confinement, elle se rend chez les particuliers qui se mettent massivement à la couture pour fabriquer des masques et la sollicitent pour redonner vie à des machines qui n’ont pas servi depuis longtemps.
« Les clients me confient une machine en pensant qu’elle est morte, irréparable, mais après une bonne révision, elle repart comme si elle était neuve, et tout le monde est content, c’est génial. »
Aujourd’hui Marianne est pleinement épanouie et envisage l’avenir de Chartreuse Entretien avec sérénité.
« Il y a de la demande, je travaille énormément, j’ai les mains dans l’huile et dans la graisse toute la journée, mais j’adore ça ! Et il y a surtout le contact humain avec les clientes, qui sont souvent des personnes âgées qui ne voient personne d’autre dans la journée. Cette fibre sociale est très importante pour moi. »