Portrait

Ophélie fait découvrir la gastronomie africaine à travers ses livres pour enfants

« Entreprendre, c’est l’aventure qui m’a permis de trouver ma voie en France. Faire découvrir l’Afrique à travers mes histoires est désormais ce qui donne du sens à ma vie. »

Arrivée en France en 2015 pour ses études de master en « Littérature de jeunesse », Ophélie subit le mal du pays. Elle se sent seule en France et pense avec nostalgie à sa famille et sa terre natale, le Congo-Brazzaville.

Pour combler ce manque, elle cuisine des plats de son pays dans son appartement d’étudiante.

« À chaque plat, j’ai l’impression de voyager. Les odeurs me ramènent aux rues africaines. »

Suite à son master, Ophélie décide de rester en France et passe un DUT en communication avant de s’inscrire en thèse de Littérature. Mais malgré ses efforts pour s’intégrer, elle continue à se poser de questions sur son identité congolaise et la rupture avec sa terre.

C’est en faisant découvrir la cuisine africaine à ses amis en France, qu’elle a l’idée de créer des livres pour enfants sur la cuisine africaine.

« J’habite en Hauts-de-France, et dans le Nord, il n’y a pas beaucoup de restaurants africains. Les gens ne connaissent pas l’histoire liée aux plats africains, certains ont d’ailleurs beaucoup d’idées reçues, comme par exemple que la nourriture en Afrique est très épicée ou trop grasse. Je voulais déconstruire cette fausse image en racontant une histoire autour des mets les plus délicieux du continent. »

Elle se lancé donc dans l’aventure et écrit son premier livre il y a deux ans, en 2018 avec Ama Illustratrice. « Kanika dans la cuisine de mamie », est une immersion dans l’univers gastronomique africain. Un livre qui mélange des récits de la vie d’une petite fille noire avec des pages des fiches de recettes.

La prochaine étape de son projet est de mettre son livre à disposition du public, mais elle n’a pas les moyens pour éditer son œuvre.

« J’ai envoyé des manuscrits aux éditeurs, mais les portes ne se sont pas ouvertes. Je savais que ce projet était porteur, je savais qu’il y avait un public pour mon livre. »

Elle lance donc une campagne de crowdfunding pour financer son livre qui voit finalement le jour à l’été 2019.

Ophélie commence par participer à de petits salons et à envoyer son livre aux écoles de la région. Pour se faire connaître encore plus, elle veut participer au grand salon « Natural Hair Academy » à Paris en 2020.

« Je n’avais pas le financement pour disposer d’un stand, j’ai donc frappé aux portes de l’Adie. Ma conseillère a cru en mon projet de développement et en moins de 2 semaines j’avais l’argent pour financer ce projet ! »

Malheureusement le grand salon est annulé à cause de la crise sanitaire liée à la Covid-19, et, de surcroît, les librairies ferment. Ophélie n’a plus aucun moyen pour développer son projet. 

« J’ai vécu plusieurs phases de dépression, j’avais du mal à me l’avouer et je ne voulais pas le dire à mes proches. L’annulation de tous mes événements ça a été un gros choc émotionnel pour moi ».

Après une période très dure pour Ophélie, elle a décidé de ne pas baisser les bras et de se battre pour son projet.

« Je me suis dit, il faut que j’investisse cet argent que j’ai maintenant. Alors j’ai contacté un illustrateur et un graphiste pour faire un nouveau livre illustré pour les enfants intitulé « Dans l’atelier du tissu » qui sortira dans les mois à venir. »

Les bonnes nouvelles ont commencé à arriver. Grâce à l’Adie elle a aussi obtenu une prime de la région Nord pour amortir ses pertes durant la crise sanitaire. Ces 1 500 euros lui ont permis de financer son site e-commerce et de continuer à vendre son premier livre en ligne.

Elle s’est aussi inscrite au « Prix CréaTalents 2020 », un concours dédié aux étudiants et aux jeunes diplômés de la Région Hauts-de-France, dont elle termine lauréate !

« Gagner a été un regain d’espoir pour moi, cela m’a donné beaucoup de force. »

Dès l’annonce du déconfinenent en France, elle réactive ses recherches pour faire de dédicaces. L’enseigne Auchan à Fontenay-sous-Bois, en Île-de-France, lui propose deux dates pour un événement dédicace sur leur espace librairie.

« J’ai fait mes valises, et j’ai saisi l’opportunité. Ma seule dédicace en 2020 a été un gros succès et le plus gros chiffre d’affaires depuis que je suis auteur ! Cela m’a aussi permis de sortir la tête de l’eau et de me dire que ce n’était pas ma faute cette crise sanitaire, que je peux rebondir et que mon projet a un avenir. »

Aujourd’hui son livrev« Kanika dans la cuisine de mamie » est à la vente à Cultura, à la Fnac sur commande, au Nofi Store et à la librairie Tamery à Paris. Elle prépare en plus de son deuxième livre « Dans l’atelier du tissu », une box culinaire et culturelle trimestrielle pour découvrir à chaque édition un pays d’Afrique à travers un livre de recette pour enfant et une épice. En février sera lancée la campagne de précommande de sa box qu’elle a intitulé « Kanika box ».

« Entreprendre, c’est l’aventure qui m’a permis de trouver ma voie en France. Faire découvrir l’Afrique à travers mes histoires est désormais ce qui donne du sens à ma vie. »

Son site : ptiboutsdhistoires.com


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Celles et ceux qui font l'Adie