Serge cultive des légumes africains dans l'agglomération grenobloise

Produire des légumes bio africains et locaux en Isère, ce n’est pas commun ! C’est pourtant bien ce que fait Serge avec succès. Arrivé en 2008, Serge ne découvre pas le travail de la terre en France. Au Congo, il aime déjà s’occuper du potager familial et obtient un bac en mécanique agricole au cours duquel il apprend l’utilisation des outils mécaniques dans l’agriculture, des compétences qu’il mobilise et développe pour son insertion professionnelle en France.

En 2011, il se forme en production industrielle à l’AFPA, ce qui lui permet de travailler pendant des années comme conducteur de ligne automatisée dans un atelier de montage mécanique qui produit des pièces pour l’industrie automobile dès 2012.

Lorsque des problèmes administratifs l’empêchent de continuer à travailler comme salarié, Serge renoue avec le jardinage. Pour se débrouiller, il vend sa production en porte à porte à la communauté africaine. Petit à petit, il reçoit des commandes par téléphone de la part de personnes du quartier à la recherche d’herbes et de légumes de qualité. En 2020, il retrouve enfin un emploi salarié dans une entreprise d’entretien des espaces verts avant de retourner en 2021 dans l’entreprise de mécanique automobile où il travaillait quelques années plus tôt

Mais Serge ne veut pas abandonner le maraîchage et est bien décidé à officialiser son entreprise pour lui donner de l’ampleur. Il se fait accompagner par l’Adie pour créer sa micro-entreprise et trouve un terrain de 4 000 m2 à La Tronche. Si le propriétaire, un ancien chef d’entreprise d’entretien d’espaces verts, est d’abord surpris de voir un Africain désireux travailler la terre pour y faire pousser des produits exotiques, il lui fait rapidement confiance quand il comprend que Serge connaît son affaire.

Et son instinct ne le trompe pas. L’Adie lui finance le matériel nécessaire pour construire une serre. Sur son terrain, avec un enthousiasme communicatif, Serge cultive et vend des légumes et des herbes aromatiques africains locaux et bio : amarante, épinards, oseille, ciboulette, aubergines vertes, ou encore feuilles de patate douce.

La clientèle, tout d’abord de son quartier, vient directement au jardin pour acheter ses produits frais. Grâce au bouche-à-oreille et à la communication sur son compte Facebook, les clients viennent de plus en plus loin, parfois de Bourgoin-Jallieu, de Chambéry ou même de Genève.

« Mon quartier, c'est un atout pour mon activité. Il est situé à 10 minutes de mon travail et à 5 minutes de mon jardin. C'est là que j'ai démarré grâce à la clientèle des communautés africaines : Maliens, Sénégalais, Congolais, Ivoiriens, Guinéens... »

Malgré ce succès, pour le moment, Serge préfère garder un emploi salarié en parallèle de son entreprise pour assurer un équilibre financier face aux aléas de l’activité, notamment l’hiver quand la terre est au repos.

« La production augmente chaque année mais la demande est plus forte que la production. Il y a une liste d’attente importante. J’envisage d’embaucher une personne pour m’aider pendant la saison, d’avril à septembre. »

Pour faire prospérer Bio Garden tout au long de l’année, Serge ne manque pas d’idées. Il travaille d’ores et déjà sur l’ambitieux projet de lancer une production au Congo afin de créer une ligne de produits surgelés qu’il pourra vendre à ses clients hors saison.