Fonds de solidarité : ne laissons pas tomber les petits entrepreneurs au pire moment !
Suite à l’annonce par le Ministre de l’Économie Bruno Le Maire, de son intention de réserver, dès le 31 décembre 2020, le Fonds de solidarité aux seuls secteurs « les plus touchés » par la crise, l’Adie exprime son extrême inquiétude et demande instamment aux Pouvoirs Publics de ne pas abandonner les entrepreneurs au milieu du gué.
Il faut des semaines, voire des mois à une petite entreprise pour retrouver une activité normale
La sortie du premier confinement l’a montré : l’activité économique ne reprend pas immédiatement. Une enquête menée au mois de juin par l’Adie auprès des entrepreneurs qu’elle accompagne avait montré qu’un mois après le déconfinement, seulement un quart  d’entre eux avaient repris leur activité totalement, et que pour les autres le chiffre d’affaires moyen n’était encore qu’à un tiers de la normale.
Telle sera la situation début janvier : dans le meilleur des cas, les petits entrepreneurs locaux impactés par le confinement commenceront à retrouver certains clients et amorceront seulement la remontée de leur activité. Ils seront encore très loin de pouvoir à la fois reconstituer leur fonds de roulement, rembourser les dettes accumulées depuis des mois et dégager un revenu leur permettant de vivre.
S’il se confirme que la plupart des restrictions d’activité sont progressivement levées entre mi-décembre et mi-janvier, ce n’est donc pas avant le mois de mars, et sous réserve d’un accompagnement adapté, que l’on pourra espérer sinon un retour à la normale, tout au moins à une situation soutenable.
Tous les secteurs sont touchés par le second confinement, même si toutes les entreprises ne le sont pas.
Certes, la situation des entrepreneurs est plus contrastée que pendant le premier confinement. Dans les secteurs non concernés par les fermetures administratives, certaines entreprises se portent bien. Et même dans les secteurs les plus touchés par les règles sanitaires, y compris la restauration, certains entrepreneurs ont pu faire évoluer leur modèle d’affaires et préserver leur activité, parfois la développer.
Mais dans pratiquement tous les secteurs il existe aussi des entreprises qui, du fait par exemple de leur modèle économique, de leur situation géographique ou de leur dépendance vis-à -vis des secteurs directement touchés par le confinement, sont aujourd’hui et seront encore fin décembre en très grande difficulté du fait de la crise sanitaire.
L’approche sélective retenue par le Gouvernement lors du premier déconfinement, par l’instauration des secteurs S1 et S1bis, était une erreur résultant d’une vision théorique très éloignée de la réalité vécue par les entrepreneurs : la réduction drastique du périmètre et, au moins autant, la complexification massive des conditions d’accès au Fonds de Solidarité en ont exclu 90 % des entrepreneurs accompagnés par l’Adie, alors même que la majorité d’entre eux n’avaient pas encore retrouvé le niveau d’activité minimal nécessaire. Â
Il ne faut pas réitérer en janvier 2021 l’erreur de ce Fonds de Solidarité « à trous » : ses conséquences négatives sur le tissu économique local seraient plus immédiates et beaucoup plus lourdes qu’en septembre, car entretemps la situation des petits entrepreneurs fragilisés par la crise s’est dégradée, économiquement et moralement.
C’est pourquoi l’Adie appelle solennellement les Pouvoirs Publics à prolonger sur les premiers mois de 2021 l’accès de tous, sans exclusion sectorielle, au Fonds de Solidarité
Renoncer trop tôt au principe d’un Fonds de Solidarité ouvert à tous les secteurs, ce serait prendre le risque de réduire à néant les efforts sans précédent consentis ces derniers mois par les Pouvoirs Publics. Ce véritable gâchis se paierait non seulement par un échec immérité et désespérant pour des centaines de milliers d’entrepreneurs, mais aussi par un retour de beaucoup d’entre eux aux minima sociaux, alors qu’ils sont pleinement engagés depuis des mois à faire œuvre de résilience.
Pour que la reprise soit durable et inclusive, pour qu’elle ne laisse pas au bord de la route les entrepreneurs à faible revenu, sans épargne et sans moyens de rebondir, l’Adie plaide donc avec toute la conviction de son expérience quotidienne du terrain, pour que le Fonds de Solidarité reste ouvert, dans les conditions et limites actuelles, aux entreprises de tous les secteurs d’activité, et ce jusqu’à la fin du premier trimestre 2021.
À télécharger
Christelle Touré, Adie
ctoure@adie.org - 06 07 47 35 67
Hortense Peltier, Adie
hpeltier@adie.org - 06 86 17 48 76
Frédéric Henry, FHCOM
frederic.henry@fhcom.net - 06 20 83 23 73
Mangara Sambakessy, FHCOM
mangara.sambakessy@fhcom.net - 06 18 72 01 08