Interview de Pauline, de Singa Nantes

Pauline Bian-Gazeau a lancé la création du parcours entrepreneurial Singa à Nantes il y a 2 ans.
Pouvez-vous nous présenter Singa ?
Pauline : Singa a été créée en 2012. C’est un mouvement citoyen ayant pour vocation de créer du lien entre les citoyens et des personnes nouvellement arrivées en France, dont des réfugiés.
Implanté dans 7 pays, dont le Canada, l'Allemagne, et la Suisse, Singa est présent dans 10 villes françaises, avec un programme entrepreneuriat dans de grandes métropole comme Paris, Nantes, Lyon, ou Lille. Nous sommes 3 salariés à Nantes.
Selon les besoins identifiés dans chaque territoire, des projets peuvent émerger.
Notre volonté est de changer le regard sur les migrations et ceux qui la vivent, montrer que c’est une source de richesse pour les territoires d’accueil. Ce qui nous anime, c’est de valoriser les personnes quelle que soit leur origine. Il s’agit aussi de montrer que les personnes migrantes peuvent apporter énormément au territoire d’accueil car elles ont des compétences, une envie de contribuer au développement de la société.
Chez nous, il n’y a pas de notion de bénéficiaire, de bénévole, de personne aidée ou de personne aidante : nous créons une communauté qui avance ensemble dans la construction de leurs projets qu’ils soient économiques, culturels ou sociaux. Pour accompagner à l’entrepreneuriat, nous avons mis en place 3 étapes : la sensibilisation, le parcours émergence de 2 mois, avec un suivi individuel, et des ateliers hebdomadaires, et un incubateur, qui consiste en 6 mois d’accompagnement pour des projets plus avancés d’entreprise ou associatifs.
Pouvez-vous nous en dire sur le partenariat entre Singa et l'Adie ?
Très naturellement, je suis allée voir l’Adie dès que j’ai commencé à rencontrer des personnes migrantes rencontrant des problématiques spécifiques pour créer leur entreprise ou association.
Au second semestre 2019, j’ai rencontré Hélène, conseillère à Nantes et nous avons avancé très vite sur des sujets communs. L’Adie est très impliquée auprès des porteurs de projet issus des migrations au travers du programme « AGIR ». Nous apportons aux conseillers une solution d’accompagnement complémentaire répondant à des questions et des problématiques fortes sur la langue, l’isolement, etc
Au fil du temps se sont installés rapidement des échanges mutuels, des orientations, des prescriptions, et des temps de sensibilisation sous forme d’ateliers collectifs en 2020.
Comment se passe la sensibilisation à l’entrepreneuriat ?
Nous avons créé un jeu sur les étapes de la création, avec une volonté de ne pas stigmatiser ou imposer un parcours.
A travers ces temps d’échanges, on comprend les parcours des participants qui sont tous différents. Grâce à cet esprit très collaboratif, les participants intègrent le fait qu’on peut entreprendre et se faire accompagner. Les messages passent mieux de cette manière.
Le second message est de transmettre les étapes incontournables et dans quelle chronologie il est préférable de les mener. Nous sensibilisons également sur le fait que l’aventure entrepreneuriale peut-être longue. Est-ce réellement le bon moment pour eux de se lancer ? Quels sont les risques ? Ont-ils été bien mesurés ?
Notre équipe apporte également sa contribution à l’élaboration d’une formation « Je Deviens Entrepreneur » adapté au territoire et au public. Nous participerons à la première journée de chaque session de formation qui est destinée à créer du lien entre les participants, à prendre confiance, à développer son réseau professionnel, à échanger avec d’autres entrepreneurs.
Nous avons par ailleurs co-animé des ateliers plus spécifiques comme par exemple « devenir livreur à vélo ». L’objectif est à la fois de sécuriser le lancement de cette activité mais aussi et surtout de montrer que ces activités peuvent être un tremplin à un projet entrepreneurial qui leur ressemble plus, pour lequel ils ont de vraies compétences.
Quels sont vos futurs projets ?
D’autres collaborations ne manqueront pas d’émerger car nous avons toujours d idées ! Nous avons aujourd’hui le réflexe d’associer l’Adie à nos actions.
C’est très agréable de travailler avec l’Adie. Les équipes se rejoignent sur beaucoup de sujets, pour que tout le monde puisse trouver sa place, créer son projet. Il y a un vrai engagement de part et d’autre.
Nous sommes en train de créer une structure locale Singa sur l’entrepreneuriat. L’Adie fera partie de notre Conseil d’administration. Et ce sera une première !