El Hadi, le rescapé devenu chef d’entreprise à Aubagne

« Rien n’est jamais trop tard dans la vie tant qu’il reste une personne pour y croire, pour entretenir la flamme. »
Peu de personnes sur Terre ont le parcours et la détermination d’El Hadi à 29 ans. Le jeune homme se présente comme « un miraculé de la vie ». Et pour cause, arrivé en France en 2015, le parcours de ce jeune Algérien est marqué par des épreuves tragiques, toutes surmontées avec courage.
El Hadi obtient son baccalauréat dans son pays d'origine, en Algérie, mais les difficultés financières de sa famille l'empêchent de poursuivre ses études en faculté. Alors, il se rend chez son cousin en Libye pour travailler un an, autrement dit assez de temps pour pouvoir mettre de l’argent de côté pour payer son entrée en licence. Problème majeur, nous sommes alors en 2011, et la guerre éclate.
« Ma vie n’a pas été un long fleuve tranquille avant d’arriver en France. »
Frontières fermées, ambiance pesante au quotidien, El Hadi est confronté chaque instant à des situations extrêmement dures. Il fait alors une profonde dépression, et cherche à s’échapper par tous les moyens. Un soir, il parvient à monter sur un bateau, comme tant d’autres qui fuient la guerre, pour rejoindre son pays natal et ses parents. Mais là encore, rien ne se passe comme prévu, et le cauchemar continue. Le navire est détourné de sa destination par des pirates, et les passagers sont retenus captifs pendant près d’un mois. L’intervention de Médecins Sans Frontières lui sauve la vie, en pleine mer. À 19 ans, le voilà libre, en Italie, sans vêtements, ni aucun argent en poche.
« Sans le savoir, je m’étais retrouvé en plein milieu d’un trafic d’êtres humains. Et j’étais la marchandise. »
Une partie de sa famille en France parvient à le rapatrier chez eux, à Marseille. Après plusieurs mois de convalescence physique et mentale, il reprend son destin en mains. C’est ainsi que son aventure entrepreneuriale démarre. Malgré les défis et le manque de sommeil, El Hadi persévère et lance finalement sa propre entreprise avec détermination.
« Un ami travaillait dans le milieu de la fibre optique, et quand je lui ai expliqué ma situation il m’a pris sous son aile. Il m’a formé en deux mois. »
En quête de financement pour fournir son matériel professionnel, il contacte l’Adie à Aubagne. Il rencontre Priscilla, sa conseillère, et lui explique en détails son parcours et son envie d’entreprendre. Ensemble, ils préparent un business plan et affinent sa demande de microcrédit. En une semaine, El Hadi obtient le sésame qui lui permet de donner forme à ses ambitions.
« Ma conseillère m’a donné les outils pour mettre en place mes idées. Ce coup de pouce de l’Adie m’a permis de croire en moi »
Aujourd'hui, son entreprise de pose de fibre optique est en plein développement. Il est pour la seconde fois consécutive, largement au-dessus de ses objectifs annuels. Si bien qu’il se met déjà à penser à créer de l’emploi pour étendre ses activités.
« Je ne me vois pas continuer seul. Mais même pour embaucher, je ferais encore appel à l’Adie ! »
À travers les défis surmontés et les succès obtenus, son entreprise représente pour lui l’espoir. En 2024, El Hadi se définit comme le chef d'une micro-entreprise spécialisée dans la fibre optique, opérant principalement dans les quartiers Nord de Marseille, La Penne-sur-Huveaune et Aubagne. Mais surtout comme un jeune père de famille, un homme comblé et heureux.
« L’Adie m’a donné assez de recul pour me rendre compte du mal que je me suis donné pour réaliser quelque chose de bien. »
L’histoire d’El Hadi est une histoire de fibre, qu’elle soit humaine, entrepreneuriale ou optique, son parcours nous montre combien il est important de rester connecté aux autres.