Mohamed Amin, 21 ans, apprenti plombier-chauffagiste, à Pantin

Sans voiture, il était difficile de transporter mes outils et d’honorer tous les engagements. Faute de train, j’ai manqué des ateliers pratiques et des réunions cruciaux pour ma formation.
Le parcours de Mohamed Amin montre qu’il est possible de changer le cours de sa vie, dès lors que l’on sait où l’on veut aller et que l’on rencontre des personnes qui nous font confiance.
Mohamed grandit à Pantin, en Seine-Saint-Denis. À 12 ans, entre ses allers-retours à l’Aide Sociale à l’Enfance, un écart de conduite le conduit dans un centre éducatif renforcé pour mineurs.
A 19 ans, grâce à la confiance renouvelée de son éducateur et de sa juge pour enfants, il prend conscience d’être à la croisée des chemins et se forge une envie farouche de donner un sens à sa vie : il sera plombier.
Sa détermination l’amène aux Compagnons du Devoir. Là, il entame une formation exigeante en chauffage, climatisation et énergies renouvelables. Avec discipline, il enchaîne des semaines de 8h à 23h, des ateliers tous les week-ends et des cours du soir.
« Le plus dur chez les Compagnons, ce n’est pas d’y entrer, c’est d’y rester. Mais moi, j’ai perdu trop de temps. Maintenant, je ne compte plus mes heures. Je me sens très chanceux de suivre cette formation exceptionnelle qui m’a ouvert énormément de portes. »
Sur les 26 présents le premier jour, seuls 13 achèvent l’année. Il en fait partie.
Pour rejoindre Angers où il est en formation, se déplacer sur ses chantiers d’alternance dans des villes où les transports publics sont parfois limités, il dépense des fortunes en billets de train et en covoiturage.
« Sans voiture, il était difficile de transporter mes outils et d’honorer tous les engagements. Faute de train, j’ai manqué des ateliers pratiques et des réunions cruciaux pour ma formation. Heureusement, ils ont vu ma motivation, et j’ai pu me rattraper. »
Avec ses indemnités d’apprentissage pour seul revenu, ses diverses tentatives pour obtenir un prêt bancaire pour en acheter une voiture sont infructueuses.
En 2021, il tente d’acheter une voiture sur Le Bon Coin. Elle ne tiendra qu’un mois.
En 2023, alors qu’il poursuit sa formation pour devenir chef de chantier en génie climatique, il découvre l’Adie. Sa conseillère lui conseille d’opter pour une voiture neuve, plus durable et économique à l’entretien qu’une voiture d’occasion. Elle lui accorde un microcrédit qui lui permet de financer une Dacia en leasing, via un partenariat entre l’Adie et Renault.
« Au début, j’étais réticent à l’idée d’investir dans une voiture neuve, mais ma conseillère m’a rassuré. Et puis je me suis dit que je ne voulais pas commettre la même erreur qu’avec ma précédente voiture. »
Cette voiture change tout. Aujourd’hui, il peut se déplacer sur ses chantiers, transporter son matériel, suivre ses cours, et même envisager d’accepter des opportunités de formation dans d’autres villes.
« Le prélèvement de 180 euros par mois, c’est très peu pour ce que ça m’apporte. »
Aujourd’hui, à 21 ans, Mohamed se projette plus loin. Après un Erasmus en Italie et un titre professionnel de tuyauteur-soudeur, il rêve de travailler sur des plateformes pétrolières, en Australie ou aux États-Unis.
Conscient de la chance qu’il a eue de changer le cours de sa vie, Mohamed Amin est désireux de partager son histoire auprès des jeunes l’ASE de Livry-Gargan et du Raincy qui l’ont accompagné.
« Les erreurs que l’on fait tôt dans sa vie ne nous définissent pas. »