Le moins que l’on puisse dire de Rosalie, c’est que c’est une bosseuse !

Au Sénégal, Rosalie commence sa vie active en tant qu’infographiste indépendante avant de venir porter main forte à son mari qui tient une grande boutique de décoration. Quand la crise de 2008 et la concurrence chinoise low cost mettent à mal leur négoce, Rosalie et son mari, de nationalité française, décident de s’installer en France pour donner plus de perspectives à leurs enfants.

Dès son arrivée, Rosalie se met immédiatement à la recherche d’un emploi mais ne parvient pas à trouver d’opportunité dans le secteur de l’imprimerie, dont la réalité est très différente en France. Par le biais d’une amie, elle commence à travailler comme technicienne de surface, d’abord de façon temporaire, pour un simple remplacement, croit-elle. Comme son mari l’avait fait quelques années plus tôt, elle sollicite alors un microcrédit mobilité pour financer l’achat d’une voiture afin de se rendre au travail. Mais le métier est éprouvant pour le corps et au bout de 2 ans, Rosalie est reconnue inapte pour l’exercer et son employeur n'a pas de poste alternatif adapté à lui proposer. Elle perd alors son emploi. Mais pour cette maman dynamique de 48 ans, il est hors de question d’en rester là…

« Je ne voulais pas rester à la maison à ne rien faire. Je veux donner le bon exemple à mes enfants ».

En 2018, elle décide alors de faire de ce revers de fortune une opportunité de donner vie à un projet professionnel de longue date : la création d’une épicerie qui commercialiserait des produits de son Sénégal natal.

« J’ai toujours voulu être à mon propre compte. Avant de venir en France, j’avais déjà travaillé comme indépendante et avec l’expérience du commerce de mon mari au Sénégal, je savais que j’avais le potentiel pour entreprendre. »

En 2018, elle se fait accompagner par l’Association Lorraine d’accompagnement à la Création et au développement d’Activités (ALACA) sollicite l’Agefiph, qui lui accorde une aide, et se tourne vers l’Adie pour financer l’ouverture de son épicerie à Laxou. Son mari, salarié à temps partiel dans une autre épicerie, lui donne un coup de main dans la gestion de la boutique. Bien que n’étant pas la seule épicerie éxotique de Laxou, la boutique Yokafric de Rosalie est idéalement située à 5 minutes des tours d’immeubles et à 3 minutes de la cité universitaire. Rosalie sait comment contenter une clientèle en lui proposant des produits qu’ils ne peuvent trouver nulle part ailleurs, tout en accompagnant les novices dans la découverte de nouvelles saveurs.

« J’ai essayé de diffuser des flyers pour me faire connaître, mais ça n’a pas marché. Ce qui fonctionne, c’est le bouche-à-oreille de mes bonnes clientes, dans la communauté comorienne de Nancy, par exemple. Je demande aux clients quels produits de chez eux leur manque et je me débrouille pour les leur fournir. ». Yokafric est aussi la seule épicerie à proposer un service de livraison à domicile pour les clients qui ne peuvent pas porter leurs courses.

La limitation des déplacements pendant les confinements a également permis aux habitants du quartier, de toutes origines, de découvrir sa boutique et de favoriser la croissance de son activité.

« Yokafric, c’est un magasin exotique, mais pas seulement un magasin asiatique ou africain. Dans le quartier, qui est un vrai melting pot, j’ai aussi des clients français, italiens, espagnols et je suis contente de pouvoir leur proposer de retrouver des mets qu’ils ont découverts lors de voyages ».