Portrait

Alexandra a ouvert sa boulangerie alternative

« Nous les entrepreneurs, on fait bouger les lignes et on amène les gens à réfléchir. »

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Alexandra a grandi dans une famille où la cuisine a toujours été associée à des moments conviviaux. C’est peut-être cet héritage qui l’a conduite, contre toute attente, à devenir boulangère.

Pourtant, pendant 15 ans, Alexandra était éducatrice pour jeunes enfants, un travail qu’elle adorait, jusqu’à ce qu’elle se lasse des conditions de travail. Au moment où elle se questionne sur sa vie professionnelle, elle fait la rencontre d’une boulangère qui travaille avec un four à bois et lui propose de passer une journée avec elle pour se faire une idée du métier. C’est une véritable révélation !

Pendant 3 ans, déterminée, Alexandra murit mon projet de reconversion, se forme à ses frais et enchaine les expériences en boulangerie.

Son CAP en poche, elle trouve un local à 300 mètres de chez elle pour y aménager son fournil.

Comme elle n’a pas accès au crédit bancaire, elle lance une campagne de financement participatif et demande les aides à l’installation de Pôle emploi, mais la somme collectée reste insuffisante pour se lancer dans de bonnes conditions.

C’est alors qu’elle sollicite l’Adie qui lui accorde un prêt pour finaliser l’installation de son fournil. Elle bénéfice également dans le cadre du partenariat avec la Fondation Carrefour d'une prime pour l'aider dans son projet. Sa boulangerie alternative Mémé La Boulange naît en janvier 2020.

Tous les jours, Alexandra démarre à 5h du matin. Elle façonne ses pâtes à la main dans un pétrin en bois avant de les cuire au four à bois et de rafraîchir ses levains pour le lendemain. Une fois les pains sortis du four, elle prépare les commandes que son mari livre dans des boutiques. Plusieurs fois par semaine, elle installe également son stand sur le parvis de la gare de Saint-Pierre des Corps et devant son fournil.

Du début à la fin du processus de fabrication, il n’y a rien d’industriel.

Alexandra fait également attention à ne pas générer de déchets, en livrant les clients habitués dans des sacs en tissu portant leur prénom et en vendant des cookies dans des bocaux consignés. Elle limite son bilan carbone en n’utilisant que des farines et des fromages de petits paysans locaux.

Cette exigence m’empêche pas Alexandra de bien travailler, au contraire. Elle fait le constat quotidien qu’il y a une clientèle désireuse de manger du bon pain, qui ne fait pas mal au ventre.

Certes, la fabrication du pain lui prend deux fois plus de temps qu’à un boulanger traditionnel et le pétrissage à la main est éprouvant physiquement, mais Alexandra se sent en phase avec elle-même.

« Je suis fière d’avoir réussi à donner vie à ce projet alors qu’au départ, les portes n’étaient pas ouvertes. »

Toujours éducatrice dans l’âme, Alexandra fait du pain un véritable outil de lien social, non seulement en proposant un système solidaire de « pains suspendus », qui permet aux clients qui le souhaitent de payer en avance du pain pour des personnes qui n’ont pas les moyens de s’en acheter, mais aussi en animant dans une association des ateliers de fabrication de pain pour renforcer les liens entre parents et enfants.

Bientôt, Alexandra accueillera une jeune apprentie très motivée à l’idée de se former à ses côtés, et se réjouit d’avance de pouvoir compter sur un binôme efficace pour l’épauler au quotidien.


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Celles et ceux qui font l'Adie